
La lavande est une plante aromatique appréciée pour son parfum mais aussi pour ses propriétés thérapeutiques variées. Elle est utilisée dans de nombreux domaines : en parfumerie, en art culinaire, en cosmétologie, dans les produits d’entretien et en aromathérapie.
S'il existe nombreuses espèces de Lavande (famille des Lamiacées), la Lavande vraie (aussi appelée Lavande fine car sensiblement similaires) reste la plus plébiscitée pour la qualité de son huile essentielle. Très bien tolérée, elle se place parmi les plantes médicinales les plus utilisées en aromathérapie !
Traditionnellement recommandée pour le soulagement du stress ou de l’anxiété, ce n’est pourtant que récemment que les propriétés anxiolytiques de la plante et de ses extraits ont pu être étayées par des études scientifiques.
LA LAVANDE VRAIE : présentation
La lavande vraie appartient à la famille des Lamiacées (Genre : Lavandula). Une vingtaine d’espèces ont été décrites, mais l’espèce Lavandula angustifolia (Lavandula angustifolia Mill.) est une des plus appréciées pour la qualité de son huile essentielle.
On retrouve aussi la Lavande vraie sous d'autres noms latins comme la Lavandula officinalis Chaix ou la Lavandula vera D.C. (la lavande vraie sauvage).
Lavandin super, Lavande Aspic : les différences avec la Lavande vraie
Ces 2 espèces, couramment rencontrées en aromathérapie ne doivent pas être confondues avec la Lavande vraie (répartitions biochimiques différentes).
L'huile essentielle de Lavande Aspic (Lavandula lalifolia Medik) a pour molécules principales du linalol, 1.8 cinéol et du camphre. Elle est dédiée à la sphère respiratoire et aux affections de peau ( efficace sur les piqures d'insectes !).
L'huile essentielle de Lavandin super (Lavandula hybrida Reverchon clone super) résulte du croisement entre la Lavande vraie et la Lavande Aspic. Sa culture s'est fortement développée en raison de sa grande productivité. Ses molécules principales sont l'acétate de linalyne, le linanol et le camphre. Elle a une action calmante tant au niveau mental que physique.
Situation

La lavande vraie est un sous-arbrisseau vivace des régions méditerranéennes. Elle pousse naturellement au-dessus de 700 à 800 mètres d’altitude. On la rencontre sur les terrains caillouteux, chauds et ensoleillés.
Robuste, elle résiste aux contraintes climatiques des montagnes sèches (pousse jusqu’à 2000 m d'altitude dans les Alpes de Haute-Provence).
Son huile essentielle bénéficie d'une AOC (Appellation d'Origine Contrôlée) depuis 1981, comme les grands vins.
Descriptif
Ses rameaux sont dressés et non ramifiés.
Ses feuilles, gris-vert, étroites, lancéolées, opposées sont veloutées.
Les fleurs - de couleur mauve - sont situées sur un long pédoncule en verticilles denses, formant un faux épi, d'odeur très agréable. Elles s'épanouissent en Juillet/Aout. Ce sont elles qui abritent la majorité des glandes sécrétrices de la plante : elles produisent et stockent l’huile essentielle.
L’ensemble formé par les fleurs et les tiges florales est appelé sommité fleurie.

Formes galéniques disponibles
Teinture-mère
Huile essentielle de fleurs
Tisanes de sommités fleuries
Hydrolat
Composition
La plante
Huile essentielle (1 à 3 %, min. 0,8 %) contenant principalement des monoterpènes,
Tanins (5 - 10 %),
Dérivés de coumarines,
Flavonoïdes,
Dérivés de l’acide rosmarinique,
Triterpènes,
Phytostérols.
L'huile essentielle
Esters : acétate de linalyle (30 - 55 %), acétate de terpényle, acétate de lavandulyle > 0,2 %,
Alcools monoterpéniques : linalol (20 - 35 %), terpinène-1-ol-4 (= terpinène-4-ol), lavandulol,
Monoterpènes : cis-béta-ocimène, trans-béta-ocimène, limonène,
1,8-cinéole, camphre,
Sesquiterpènes (époxyde de caryophyllène),
Coumarine, herniarine.
Propriétés

Antispasmodique,
Antalgique,
Anti-inflammatoire,
Hypotensive,
Régénératrice et cicatrisante cutanée,
Calmante, sédative, antidépressive,
Antimicrobienne et antiseptique,
Vermifuge.
Indications
Indications de la plante entière (phytothérapie)
Nervosité, fatigue, troubles du sommeil,
Anxiété,
Traitement des plaies par voie externe (alcoolat en frictions).
Indications spécifiques de l'huile essentielle (aromathérapie)
Infections diverses, dysbiose intestinale,
Douleurs et affections douloureuses,
Crampes, contractures et spasmes musculaires,
Anxiété,
Stress, dépression, agitation, insomnie,
Rhumatismes,
Hypertension artérielle,
Acné, eczéma, psoriasis, prurit, brûlure, ulcère, plaie, escarre, dermite, couperose,
Aphtes récurrents.
Précautions d'emploi
La lavande possède une excellente tolérance. Elle est cependant à éviter lors des trois premiers mois de la grossesse. Elle peut également provoquer des irritations ou une inflammation de la peau en cas d'utilisation prolongée.
Un avis médical est nécessaire avant utilisation de l'huile essentielle pour les personnes asthmatiques.
L'hydrolat de lavande, plus doux que l'huile essentielle car moins concentré en principes actifs, et mieux toléré, tout en étant efficace. L'eau florale est purifiante et efficace pour les peaux grasses, mixtes, irritées ou fragiles. Elle apaise, assainit et favorise la cicatrisation. C'est également un très bon relaxant qui favorise le sommeil .
LAVANDE et ANXIÉTÉ

L'anxiété est une pathologie en croissance continue ces dernières années. Un rapport récent d' EPI-PHARE (période couvrant mars 2020 à avril 2021) met en évidence une forte augmentation de la consommation de médicaments anxiolytiques et hypnotiques (qui connaissaient conformément aux recommandations des autorités sanitaires une baisse très lente et mesurée ces dernières années).
Des solutions alternatives ou complémentaires existent, dont l'usage de la phytothérapie. La lavande est une des plantes traditionnellement suggérée comme traitement possible.
A juste titre ?
L'anxiété : explications
La notion d'anxiété
L’anxiété est une notion relativement récente. Avant la seconde moitié du XIXe siècle, elle était assimilée à une peur illégitime et, dans ce sens, était rattachée à une pathologie plus sévère (neurasthénie, délires, mélancolie, etc.).
Devenue un sujet d’études très prisé des chercheurs en psychologie et des psychanalystes, c’est en 1980 seulement que l’Association américaine de psychiatrie le reconnaît en tant que trouble mental et l’introduit dans la troisième édition de son manuel diagnostic et statistique (DSM-III). Nommé alors “trouble anxieux généralisé” l’anxiété est désormais reconnue comme une pathologie par l’Association américaine de psychiatrie (DSM-5) : le syndrome d’anxiété généralisée est classé sous l’expression “Troubles anxieux” au même titre que l'anxiété de séparation, le trouble panique (encore appelé attaque d’angoisse), la phobie spécifique, les troubles obsessionnels compulsifs et le trouble d’anxiété sociale.
Définition
On définit l’anxiété comme un état affectif caractérisé par un sentiment d’insécurité psychique : c'est l’anticipation d’une menace future.
À la différence de la peur (qui est la réponse émotionnelle à une menace imminente réelle ou perçue) ou de l’angoisse, l’anxiété ne se traduit pas par des modifications physiologiques précises mais s’exprime par une sensation de trouble diffus (tension musculaire ou vigilance dans la préparation au danger futur).

Que se passe-t-il chez le sujet anxieux ?
Ce qui différencie l’anxiété de toute autre émotion, c’est l’impossibilité que se développent rapidement de nouveaux plans d’action appropriés à la situation » [Dictionnaire de la psychanalyse, Encyclopédia Universalis & Albin Michel, Paris, 1997].
Le syndrome de l’anxiété généralisée
Les symptômes
Pour être reconnu comme un trouble anxieux, l’état du sujet doit (DSM5) comporter plusieurs critères :
Anxiété et soucis excessifs durant au moins 6 mois concernant un certain nombre d’événements ou d’activités (telles que le travail ou les performances scolaires).
La personne éprouve de la difficulté à contrôler cette préoccupation.
L’anxiété et les soucis sont associés à trois (ou plus) des six symptômes suivants (dont au moins certains symptômes ont été présents la plupart du temps durant les 6 derniers mois) :
Agitation ou sensation d’être survolté ou à bout,
Fatigabilité,
Difficultés de concentration ou trous de mémoire,
Irritabilité,
Tension musculaire,
Perturbation du sommeil.
L’anxiété, les soucis ou les symptômes physiques entraînent une détresse ou une altération cliniquement significatives du fonctionnement social, professionnel ou dans d’autres domaines importants.
La perturbation n’est pas imputable aux effets physiologiques d’une substance ou d’une autre affection médicale.
La perturbation n’est pas mieux expliquée par un autre trouble mental.
Par ailleurs, les inquiétudes du sujet auront un rapport avec différents événements ou activités de sa vie quotidienne ; elles seront excessives, incontrôlables, interférant de manière notable sur ses capacités fonctionnelles et la plupart du temps, associées avec d’autres émotions négatives (colère, tristesse) qui plongent le sujet dans un état de souffrance difficilement supportable.
Les facteurs
Selon les spécialistes, les personnes les plus exposées :
ont plus de 24 ans,
sont séparées, veuves ou divorcées,
souvent sans profession,
possèdent un faible niveau de revenus ou de rémunération,
ont souvent vécu un événement traumatique survenu dans l’enfance (abus sexuel, perte d’un parent, etc.).
Le diagnostic
La plupart du temps, le trouble anxieux débute de manière progressive, souvent marqué par des alternances de rechutes et de rémissions. Il peut s’installer sur une période relativement longue (20 ans).
Le cycle de l’anxiété
L’état anxieux se caractérise par la mise en place d’un cycle “infernal”.
Comme le sujet ne peut parvenir à trouver des solutions susceptibles de faire tomber le niveau de son anxiété, son état ne fait qu’empirer. Son éveil va céder la place à un “hyper-éveil”, ce qui, sur le plan physiologique, se traduira par une libération encore plus importante d’adrénaline, augmentant encore plus sa sensation d’angoisse. Il aura souvent recours à des mécanismes de défense pour tenter de lutter contre ses crises d’anxiété.

Le cercle vicieux de l'anxiété peut avoir un impact significatif sur le comportement d'une personne et son fonctionnement au quotidien. Il peut limiter les interactions sociales, les opportunités professionnelles et personnelles et réduire la qualité de vie en général.
Pour sortir du cercle vicieux de l'anxiété, les approches thérapeutiques, notamment la thérapie cognitive et comportementale (TCC), proposent des stratégies efficaces.. L'objectif est d'apprendre à affronter la source de ses peurs, permettant ainsi de réduire progressivement l'anxiété et le désir d'évitement.
Les solutions à envisager
Il existe nombreuses pistes pour aider à faire face à l'anxiété.
Accepter ses émotions : ne pas culpabiliser de se sentir anxieux est important.
Prendre soin du corps : faire du sport régulièrement et s'accorder de vraies pauses.
Pratiquer la respiration profonde : des exercices simples - comme la pratique de la Cohérence Cardiaque - peuvent vraiment aider à se calmer.
Limiter les sources de stress : parfois, s'éloigner un peu des réseaux sociaux ou de l'actualité anxiogène.
Penser à son alimentation : certains aliments comme les légumes verts ou les noix sont riches en magnésium.
Phytothérapie et aromathérapie : elles sont des alliées intéressantes pour apaiser les symptômes.
La lavande est particulièrement efficace pour calmer l'anxiété. Explications...
Effets de la lavande sur l'anxiété
L’utilisation de la lavande est populaire pour ses propriétés anxiolytiques, sédatives, et calmantes. Elle fait notamment partie de la liste A des plantes médicinales utilisées traditionnellement, de la Pharmacopée française publiée en janvier 2019 et partagée par le site de l’ANSM.
Son huile essentielle est largement conseillée et nombreuses études scientifiques (récentes) ont été initiées pour vérifier l'étendue de son action sur les troubles anxieux.

En 2019, une revue systématique et une méta-analyse ont permis d'évaluer l'efficacité de la lavande (sous toutes ses formes et voies d'administration), sur l'anxiété et les conditions liées à l'anxiété.
102 essais contrôlés randomisés et 25 études non randomisées (avec plus de 13 000 sujets au total) ont été effectués pour analyser ces effets .
Trois interventions principales ont été utilisées dans les études examinées :
- l'administration orale d'un produit standardisé à base de lavande.
- le massage à l'huile essentielle de lavande.
- l'aromathérapie par inhalation de lavande.
Les résultats ont montré une réduction significative de l'anxiété avec la prise orale de lavande, ainsi que l'inhalation de lavande (La synthèse quantitative a montré que l'inhalation de lavande peut réduire significativement les niveaux d'anxiété mesurés avec n'importe quelle échelle validée) et le massage à l'huile essentielle de lavande.
Les traitements à l'huile essentielle de lavande semblent généralement sûrs, et, dans le cas de l'inhalation, également simples et peu coûteux. Ils constituent une option thérapeutique qui peut être envisagée dans certains contextes cliniques.
Pour consulter cette étude publiée en 2019 : https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/31655395/
Voyons plus en détail les conclusions de ces études...
Effets par inhalation

L'odeur de lavande est relaxante et peut entraîner des états émotionnels positifs. L’inhalation d'HE peut donc avoir des effets notoires sur les émotions.
Ces effets se produisent grâce au traitement de l’information sensorielle olfactive par le système olfactif. Les composés volatils odorants inhalés par le nez ou par la bouche se retrouvent dans la fosse nasale, et entrent en contact avec la muqueuse olfactive. Cette dernière transmet l’information chimique jusqu’au bulbe olfactif situé à l’entrée du cerveau, et qui est capable de reconnaître et d’interpréter l’odeur. Il envoie alors l’ « image olfactive » aux structures supérieures du cerveau, notamment à l’amygdale et à l’hippocampe, qui sont associés aux émotions et à la mémoire. C’est ainsi que l’inhalation d’odeurs peut induire des changements émotionnels et comportementaux.
Une étude publiée dans la revue Frontiers in Behavioral Neuroscience en 2018 a examiné les effets anxiolytiques de l'odeur de linalol (composé odorant volatil présent dans l'huile essentielle de lavande vraie).
Il en ressort que l'exposition à l'odeur de linalol induit des effets anxiolytiques significatifs. (l'entrée olfactive évoquée par l'odeur de linalol est nécessaire pour déclencher les effets). Celle-ci agit sur le récepteur GABAB (intervenant dans la transmission du GABA, neurotransmetteur du système nerveux central).
CONSEILS +
Pour favoriser l'endormissement ou apaiser le mental , diffuser de l'HE de Lavande dans votre chambre 15 mn avant de vous coucher ou déposer quelques gouttes sur votre oreiller. Vous pouvez également déposer 2 gouttes directement sur vos deux poignets, les frotter l'un contre l'autre et inhaler.
Effets par administration orale
Globalement, l'administration orale d'huile essentielle de lavande s'avère efficace dans le traitement de l'anxiété.
Une revue systématique et une méta-analyse en réseau menées en 2020 on étudié la meilleure voie d'administration de la lavande pour l'anxiété. Il en ressort que l'aromathérapie à la lavande est, cliniquement, supérieure en courte durée, tandis que le Silexan* (lavande orale) 80 mg est préférable pour le traitement à long terme de l'anxiété.
Pour consulter cette étude publiée en 2019 : https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/32088511/
*Le Silexan : en savoir plus

Un laboratoire pharmaceutique allemand (W. Spitzner) a mis au point un extrait standardisé d’huile essentielle de Lavandula angustifolia Miller appelé le Silexan. Cette préparation se présente sous la forme de gélules de 80 mg d’HE, et est destinée à une administration par voie orale. Le Silexan contient les deux principaux constituants actifs, le linalol et l’acétate de linalyle. Le reste de la composition comprend des excipients tels que de la gélatine et du glycérol (principalement), ainsi que des agents de saveurs et des colorants. L’utilisation d’une formulation orale standardisée est à l’origine d’une meilleure rigueur méthodologique dans les études cliniques consacrées aux effets anxiolytiques de l’huile essentielle de lavande, puisqu’elle permet notamment la mise en place des procédures d’aveuglement, de contrôle par placebo (avec des gélules ne contenant pas de principes actifs), et donne la possibilité de connaître et de quantifier précisément les doses d’administration.
Effets par massage
Lors de l'étude précédemment citée, le massage à la lavande accompagné d'un bain de pieds s'est avéré le plus efficace pour le traitement de l'anxiété (au point final de l'étude).
L'huile essentielle de lavande administrée par massage semble efficace, mais les études disponibles ne sont pas suffisantes pour déterminer si le bénéfice est dû à un effet spécifique de la lavande. D'autres ECR de haute qualité avec des plans d'étude plus homogènes sont nécessaires pour confirmer ces résultats.

CONSEILS +
Pour se relaxer, se masser la plante des pieds avec quelques gouttes d'HE de Lavande fine diluées dans de l'huile végétale.
QUE RETENIR ?
La lavande semble être une alliée complémentaire intéressante pour la prise en charge de l’anxiété et pour répondre aux demandes des patients demandeurs de solutions thérapeutiques plus naturelles.
Les résultats des études récentes menées sur le rôle de la Lavandula angustifolia comme "traitement " de l'anxiété sont prometteurs, notamment l'utilisation de son huile essentielle (aromathérapie).
Dans la pratique infirmière, il est même suggéré d'inclure l'aromathérapie à la lavande dans les programmes destinés à gérer l'anxiété chez les patients dans divers contextes de soins de santé.

Rappel
La lavande est une alliée intéressante en cas d'anxiété mais l'usage de cette plante ne se substituent nullement à un éventuel traitement allopathique, indispensable dans certains cas d'anxiété sévère. Prenez toujours conseil auprès d' un professionnel de santé avant toute automédication !
POUR ALLER PLUS LOIN...
Pacte Vert : La Lavande considérée comme toxique ?
En 2021, vous avez probablement entendu qu'un projet de réglementation européenne (dans le cadre du Pacte Vert) pourrait classer la lavande comme produit "toxique", au même plan que les produits chimiques synthétiques en raison de leur impact sur la santé humaine et l’environnement. Ce projet de législation de la Commission n’a cependant pas encore été présenté.
Qu'en est-il vraiment ?
Dans le cadre du Pacte vert, la législation doit permettre à l’Union européenne de respecter ses engagements pour lutter contre le réchauffement climatique, la Commission a publié une nouvelle stratégie dans le domaine des produits chimiques, vers un environnement exempt de substances toxiques en octobre 2020.
D’ici fin 2022, l’exécutif européen doit présenter une révision du règlement relatif à la classification, à l’étiquetage et à l’emballage des substances (CLP). Les huiles essentielles devront alors être conformes à ces normes en tant que produits finis mis sur le marché mais aussi lorsqu’elles entrent dans la composition de produits cosmétiques.
Cette réglementation doit classer les molécules mises sur le marché et les répertorier comme allergènes, cancérigènes ou perturbateurs endocriniens, comme pour les produits chimiques. Et toutes les molécules devront être analysées avant d’être mises sur le marché.
Pourquoi ce projet a provoqué la colère des producteurs ?
Comme l'indique Alain Aubanel, Président du comite interprofessionnel des huiles essentielles française (CIHEF) "Ils vont raisonner molécule par molécule. Mais dans la lavande, Il y a plus de 600 molécules identifiées ! La première c’est le linalol. 95% du linalol que l’on trouve dans le monde est du linalol de synthèse, il s’oxyde vite et devient allergène mais le linalol que l’on trouve à l’état naturel dans la lavande ne s’oxyde jamais parce qu’il est protégé par les 500 ou 600 autres molécules de la plante. Pour eux, c’est aujourd’hui la même chose, c’est faux et on ne peut l’accepter !
La crainte des producteurs concerne aussi le coût administratif de ces futures normes à respecter, pour chaque variété de lavande produite. De 2014 à 2016, ils ont su collaborer au programme REACH de l’Union européenne sur la traçabilité et les tests de toxicité de leurs produits sur l’environnement et la santé. Un long travail avait été mené avec la Commission européenne et l’Agence européenne des produits chimiques pour élaborer des lignes directrices spécifiques pour les huiles essentielles. Des études qui ont coûté près de 10 000 euros en moyenne pour chaque producteur de la filière. Pour eux, une nouvelle réglementation signera la fin de cette culture traditionnelle.
Les producteurs et distillateurs réclament des mesures adaptées à leurs produits qui garantissent la sécurité des consommateurs et la protection de l’environnement sans dénaturer leurs produits. Or, avec ce projet, certaines molécules des plantes pourraient être soustraites ou remplacées par des produits de synthèse manipulés en laboratoire, elles perdraient alors les vertus thérapeutiques qu’on leur prête.
Selon la Commission : « Il n’y aura pas de proposition législative avant fin 2022 et cette proposition devra être ensuite discutée puis adoptée par le Parlement européen d’un côté et par le Conseil qui réunit les 27 États membres de l’autre. Cela veut dire que la nouvelle législation n’entrera pas en vigueur avant 2025 ». Elle précise "les craintes de l’industrie française des huiles essentielles sont, à notre avis, infondées et prématurées".
Pour les personnes intéressées par ce sujet, le projet de la Commission européenne, initiateur de la colère des producteurs de Lavande est consultable dans sa version originale ici (en anglais) : lien
A suivre donc...
Sources et références : Centre de Recherche et d'Innovation en Phytothérapie et Médecine Intégrée - CERFIT, Centre de Référence en Phytothérapie de la Région Toscane - Hôpital Universitaire Careggi, Florence, Italie - https://dumas.ccsd.cnrs.fr/dumas-02338921/document - https://psyclinicfes.files.wordpress.com/2020/03/dsm-5-manuel-diagnostique-et-statistique-des-troubles-mentaux.pdf - Wikiphyto - Praxisa - PubMed - https://www.vidal.fr/actualites - « THE GENUS LAVANDULA » de Tim Upson et Susyn Andrews (Ed Royal Botanic Gardens, Kew, 2004) - https://ec.europa.eu/environment
Comments